Malnutrition maternelle : transmission du microbiote mère-enfant et susceptibilité aux maladies métaboliques

Vonaesch P., Université de Lausanne, Suisse, 2021
Résumé

Aujourd'hui, un tiers des enfants dans le monde sont soit sous-alimentés, soit en surpoids. La sous-nutrition et la surnutrition au début de la vie (conjointement dénommées malnutrition) sont de plus en plus reconnues comme des facteurs de risque clés de l'obésité et du syndrome métabolique chez les adultes, qui touchent 1,9 milliard d'adultes dans le monde.

Dans cette proposition, nous émettons l'hypothèse que le microbiote au début de la vie joue un rôle crucial dans ce double fardeau de malnutrition, et que des interventions ciblées sur le microbiote au bon moment peuvent briser la trajectoire vicieuse qui va de la malnutrition précoce à la maladie métabolique. Les humains sont colonisés à la naissance par un premier ensemble de bactéries (« microbiote des graines ») qui, sous l'influence de différentes expositions environnementales, évoluent progressivement vers le microbiote complexe observé chez les adultes. Chez les nourrissons nés par voie vaginale, ce microbiote des graines provient principalement du microbiote fécal, vaginal et oral de la mère.

À ce jour, on sait peu de choses sur la contribution du microbiote maternel au microbiote précoce des enfants et sur l'augmentation de l'empreinte épigénétique précoce du risque de maladie métabolique plus tard dans la vie. Ce projet vise à combler cette lacune en matière de connaissances en répondant aux questions suivantes :

  • Existe-t-il des différences entre le microbiote oral et le microbiote vaginal des mères sous-alimentées ou suralimentées ?
  • Quel est l'effet du microbiote vaginal et oral de la mère sur le développement du microbiote fécal des nourrissons ?
  • Quel est l'effet du microbiote vaginal et oral de la mère ainsi que du microbiote oral du nourrisson sur son état nutritionnel, sa santé métabolique et son empreinte épigénétique ?

En capitalisant sur une cohorte de naissances en cours en République démocratique populaire lao (projet VITERBI GUT, voir le protocole de l'étude dans Tamarelle, Crézé et al, Journal of Nutrition 20231), nous suivrons 300 dyades mère-enfant pendant deux ans après la naissance, en analysant leur microbiote à l'aide du séquençage des amplicons 16S et de la métagénomique du fusil de chasse, des paramètres métaboliques et du profil épigénétique sanguin. L'objectif principal de VITERBI GUT est le rôle du microbiote fécal des mères et des nourrissons sur l'empreinte épigénétique et la santé métabolique. En élargissant VITERBI GUT, le projet proposé analysera deux sources d'ensemencement alternatives importantes pour le microbiome du nourrisson au début de la vie : le microbiote oral et vaginal de la mère.

Le projet proposé vise à générer de nouvelles preuves sur la transmission du microbiote mère-nourrisson et sera le premier à analyser d'éventuelles signatures microbiennes partagées et des mécanismes reliant la surnutrition et la dénutrition au début de la vie à des maladies métaboliques plus tard dans la vie. Ces travaux ouvriront la voie au développement de puissantes stratégies d'intervention ciblant le microbiote afin de promouvoir un développement sain chez l'enfant.

Projets financés